La qualité de vie et des conditions de travail (QVCT) et les dirigeants de PME françaises : 4 raisons d’une indifférence

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Qu’est-ce que la QVCT ? Selon l'Agence nationale pour l'amélioration des conditions de travail (Anact), il s'agit de "l'ensemble des conditions dans lesquelles les salariés exercent leur travail, et leur capacité à s'exprimer et à agir sur le contenu de celui-ci". La QVCT englobe donc des aspects tels que l'organisation du travail, le management, le dialogue social, la santé et la sécurité, l'équilibre vie professionnelle-vie personnelle, etc.

La QVCT est souvent présentée comme un facteur clé de succès pour les

entreprises. De nombreuses études ont montré le lien entre QVCT et performance économique. Selon une étude menée par le cabinet Interface en 2019, 10 à 12 % de gain de productivité serait favorisé par le bonheur au travail. Les salariés seraient en moyenne 86% plus créatifs et déploieraient 65% plus d’énergie dans un cadre sécurisé et bienveillant. Pour 73 % de Français, la QVCT est aussi importante que le salaire. D’autres études montrent qu’ils sont également 9 fois plus fidèles, jusqu’à 6 fois moins absents et 2 fois moins malades.

Dès lors, pourquoi si peu d’intérêt de la part des dirigeants de PME pour ce qui pourrait apparaitre comme un véritable levier de développement pour leur entreprise ?

1/ La QVCT est souvent mal comprise ou mal appliquée :

Les dirigeants de PME ont parfois du mal à définir ce que signifie la QVCT pour eux et pour leurs salariés. Ils craignent aussi que ce ne soit qu'un effet de mode, ou qu'elle ne profite qu'aux salariés sans bénéfice pour l'entreprise. Ils mettent alors en place des actions ponctuelles et superficielles (fruits ou snacking gratuits, séminaires ludiques, etc.), sans s'attaquer aux causes profondes des problèmes. Ils négligent aussi le dialogue avec les employés  qui sont pourtant les premiers concernés par la QVCT. Ils imposent des solutions qui ne correspondent pas aux besoins de l’entreprise ni aux attentes des collaborateurs.

2/ La QVCT est souvent reléguée au second plan face aux urgences du quotidien :

Les dirigeants de PME sont confrontés à de nombreux défis : la concurrence, la réglementation, la digitalisation, la crise sanitaire, etc. Ils doivent faire face à des priorités multiples et changeantes, qui les obligent à être réactifs et flexibles. Dans ce contexte de « survie », et de réactivité subie, la QVCT est plus perçue comme un luxe ou une énième contrainte qu’une aide au développement des projet de l’entreprise. Le dirigeant se focalise sur ce qu’il pense être l’essentiel de son activité : le carnet de commandes et la trésorerie.

Une stratégie QVCT, c’est du temps de concertation, de réflexion, de mise en action, d’observation, d’évaluation, de réadaptation…. Bref du temps ! Or, un dirigeant d’entreprise a autre chose à faire. Il concentre ses efforts sur la mise en œuvre des moyens directement liés à l’activité commerciale et le business … plutôt qu’aux relations humaines. C’est plus sûr et plus rentable. C’est plus concret pour lui et surtout plus facile à chiffrer.

3/ La QVCT ne serait pas l’affaire des petites entreprises :

Nombre de dirigeants estiment qu’ils n’ont pas les moyens d’une stratégie QVCT contrairement aux grandes entreprises : pas ou peu de budget temps /hommes disponible ; trésorerie tendue ; un retour sur investissement trop long ; des marges de manœuvre réduites.

Par ailleurs, une idée est largement véhiculée par les grands médias. Ces derniers ne communiquent que sur des exemples de start-up ou de grandes entreprises :  les TPE et PME ne se sentent pas concernées. Sans compter sur la croyance que la QVCT serait un sujet purement parisien !

4/ La QVCT peut parfois révéler une vérité dérangeante :

La QVCT c’est un peu comme l’effet du miroir quand nous nous y regardons le matin : Il porte un regard sans fard, sans concession sur nous. La QVCT le fait sur l’intimité du fonctionnement d’une entreprise. Elle révèle au grand jour ce que certains voudraient taire sur l’état des relations humaines, sur le management d’équipe, les modalités d’exercice du pouvoir au sein de leur entreprise.

 

En conclusion, la QVCT n'est pas un sujet stratégique pour les dirigeants de PME en France parce que :

  • Ils n'en n’ont pas conscience,
  • Ils n'en ont pas envie,
  • Ou ils n'en ont pas le temps.

Ils passent ainsi à côté d'une opportunité de développer leur entreprise et de fidéliser leurs salariés.

 

Il est temps de changer de regard sur la QVCT. Il faut la considérer comme un levier de performance et de compétitivité, mais aussi comme une source d'épanouissement et de sens pour tous les acteurs de l'entreprise.

#qvct #management #strategie #pme

 

Crédit photo : O'potentia