Des pénuries pour les entreprises ?

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Après celles des médecins, des vaccins, des soignants, des médicaments, des aliments ou des produits d’hygiène, de nouvelles font leur apparition : celles des énergies fossiles (back to the 70’s ?) et celle des compétences.

De quoi parle-t-on ? Le mot vient du latin penuria qui signifie « manque de vivres, manque de ce qui est nécessaire ». Par extension et évolution de langage, le mot désigne aujourd’hui n’importe quel manque de quelque chose.

Décliné depuis des semaines par des communications politico-journalistiques qui nous menacent de « la fin de l’abondance », le peuple tremble.

Mais, parmi les pénuries à venir, quelles sont celles qui affectent plus particulièrement les entreprises ?

Le fonctionnement de ces dernières repose sur l’apport simultané de moyens techniques, financiers et humains. Sans eux, aucun produit fini ou semi-fini, projet ou service ne voit le jour.

Chacun de ces 3 piliers essentiels est désormais touché par des pénuries.

1/ Technique : absence, la rupture ou raréfaction de certaines matières premières ou matériaux.

2/ Humain : certains secteurs se retrouvent totalement dépourvus de main-d’œuvre.

L’industrie manque de chaudronniers, de pontiers élingueurs, de régleurs sur machines ; la logistique, de conducteurs de chariots élévateurs ; l’hôtellerie-restauration, de serveurs, de valets/femmes de chambre, etc.

3/ Financier : non seulement il y a moins d’argent disponible, mais il a perdu 20% de sa valeur en peu de mois. Et nos gouvernants n’entrevoient pas d’amélioration avant 2024. Ils imaginent même que les états du Sud de l’Europe connaîtront prochainement le même sort que la Grèce.

Le business modèle de nos entreprises, vieux de plus de 70 ans, montre ses limites. Il s’est construit sur l’illusion d’un monde abondant et sans limites. Or, cette vision est totalement erronée. Nous en prenons tout juste conscience : les stocks de ressources fossiles (charbon, gaz et pétrole), nécessaires à la fabrication,  transformation ou mise à disposition de produits, sont presque tous à sec. Désormais, année après année, leur raréfaction va s’intensifier posant des questions de sécurité d’approvisionnement, tant que d’autres alternatives crédibles n’existeront pas.

Ce phénomène de pénurie se trouve amplifié par le décalage de temporalités. Un exemple mis en avant avec la pénurie de talents : comment répondre désormais aux besoins réels et immédiats de compétences nécessaires au développement de nouveaux projets quand les aspirations des candidats sont parfois totalement déconnectés de la réalité. Dès leur sortie d’écoles « A+ », sans réelle expérience professionnelle,  ils n’hésitent plus à avoir des demandes exorbitantes comme des salaires ≥ 60k€ et des voitures de fonction haut de gamme.

La situation peut conduire à des effets de cisaillement redoutables pour la pérennité d’une entreprise. Des coûts d’exploitation incompressibles en hausse et pas de projets à venir ou impossibilité de les réaliser mènent au risque de déficit pouvant mener à la fermeture définitive.

Afin d’éviter ce type de difficultés, quelles seraient les nouvelles réponses en matière de gouvernance, de management des Hommes et des organisations ?

C’est à cela que, me semble-t-il, que devraient réfléchir les dirigeants d’entreprise plutôt que de se lancer dans la mise en œuvre de projets totalement décalés comme celui de vouloir faire « le bonheur des salariés » par n’importe quel moyen. La question ne semble plus être à l’ordre du jour : quid du bonheur si l’économie s’effondre et que les emplois disparaissent ?