Les addictions en entreprises : la suite.

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Pourquoi est-il important de les prevenir (les enjeux d’une démarche de prévention) et comment (les clés d’une démarche réussie) ?

Les 3 enjeux d’une démarche de prévention

  • La sécurité juridique :
    • La responsabilité civile et pénale du dirigeant et de ses commettants en matière de santé été de sécurité au travail est engagée. Le coût de la non-conformité peut aller jusqu’ à la saisine du patrimoine personnel du dirigeant (Code de la Sécurité sociale).

 

  • La performance sociale :
    • Il s’agit des impacts négatifs de l’arrêt prolongé ou de la perte de compétences-clés dans l’entreprise : impossibilité d’une transmission des savoirs et savoir-faire; tension sur le climat social des équipes du fait d’absences prolongées peu ou pas remplacées. Une personne souffrant d’addictions a une durée d’absence moyenne de 2 à 3 jours supplémentaires par absence constatée.

 

  • La performance économique :
    • Les addictions entrainent des pertes de productivité provoquent un absenteisme coûteux qui peut aller jusqu’à 1,5% de la masse salariale de l’entreprise. Enfin, lorsque la personne en souffrance n’est plus en état de travailler, son licenciement pour inaptitude doit être envisagé. Le salarié a droit à une indemnité spéciale de licenciement d'un montant au moins égal au double de l'indemnité légale de licenciement(sauf dispositions conventionnelles plus favorables). De plus en plus souvent des mesures d’accompagnement à la reconversion sont exigées.

 

Les 3 clés d’une démarche réussie

  • Un diagnostic de situation partagé :
  • La santé comme la sécurité au travail n’est pas uniquement l’affaire du dirigeant ou du DRH. Chacun a un devoir de vigilance, mais également de veiller à sa propre santé : Direction, lignes managériales, élus CSE… et salariés. C’est ce que rappelle l’article L.4121-2 du Code du Travail, trop souvent oublié ou méconnu.
  • Au vu des observations posées par des études scientifiques, certains secteurs d’activité semblent plus exposés que d’autres : le conseil, le trading, le btp, la logistique et le transport, le monde des arts et spectacles, l’univers de la communication… D’une manière plus globale est concerné tout secteur d’activité à forte charge mentale ou physique.

 

  • Un plan d’action concerté :
  • Constitution d’un groupe de travail représentatifde l’ensemble des membres de l’entreprise. Le groupe doit bénéficier d’un apport de connaissances sur les pratiques addictives et d’un accompagnement dans l’élaboration de la démarche de prévention.

 

  • Identifier le risque professionnel global et décliner des solutions adaptées à chaque de chaque individu en souffrance

On s’appuie alors sur 3 piliers incontournables : l’information de tous ; la formation du plus grand nombre et la détection précoce des personnes en difficulté.

Qualité de vie au travail et plus largement la démarche RSE offrent des cadres de réponses complémentaires intéressants. Ils ne sont pas nécessairement coûteux.

 

  • Un large panel d’outils est à disposition. On y choisit les actions adaptées aux problèmes rencontrés.

Inscrire le risque dans le document unique et prévoir la prise en charge de la situation dans un Règlement Intérieur d’entreprise constitue indéniablement un premier pas. Dans un second temps, Il suffit de mettre en œuvre des moyens peu/mal utilisés comme les entretiens professionnels, les chartes globales de prévention, etc.), qui peuvent utilement compléter la démarche. Diverses aides émanant d’organismes ou d’associations spécialisées peuvent être mobilisées.(ANACT, INRS, CARSAT, FONDATIONADDICTIONS, MILDECA…).

 

  • Une mise en œuvre accompagnée :
    • L’efficacité de la démarche repose avant tout sur une sensibilisation de l’ensemble du personnel à cette question. Il faut briser le tabou et inciter l’ensemble des salariés à prendre la parole de façon plus décomplexée à ce sujet. Avoir recourt à un serious game qui aborde la problématique de façon ludique peut être une solution.
    • Il convient aussi de s’appuyer sur un « maillage » de la vigilance.

Il est composé d’acteurs internes : les managers de proximité, les élus CSE, mais également les Sauveteurs, Secouristes du Travail. Il peut aussi s’enrichir de la compétence d’associations spécialisées dans la prise en charge des addictions en milieu professionnel comme Addict’aide ou Sos-addictions.

  • Le dirigeant n’est pas seul pour gérer cette situation complexe. Il peut être aidé par une série d’acteurs externes qui produisent analyse et proposition de solutions. Citons pour mémoire la CARSAT, l’ANACT, l’INRS, l’AFNOR (lien fait entre QVT et RSE dans une démarche certifiée iso).

 

Conclusion :

Mettre en place dans une entreprise un plan de prévention des addictions est une nécessité absolue. Le maintien dans l’emploi des compétences-clés est d’autant plus important dans un contexte où s’accumulent les difficultés : pénurie de talents dans nombre de secteurs d’activité ; fragilisation d’un corps social très marqué par la crise sanitaire ; démobilisation croissante de salariés

Dans un prochain article, nous nous intéresserons au rôle et à la valeur ajoutée du DRH dans la stratégie de lutte contre les addictions en entreprise.