Plan de sobriété énergétique des entreprises

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« Fin de l’abondance » et « Sobriété » sont les termes les plus à la mode ces derniers jours.
Qu’est-ce que le gouvernement attend exactement des entreprises à ce sujet 

Dans une tribune du JDD le 2 juillet dernier, 84 dirigeants ont appelé à passer d’une sobriété d’urgence à une sobriété organisée. C’est-à-dire que « la sobriété ne doit plus être synonyme de pénurie, de repli ou de déclin. Elle est la réponse à l’équation la plus cruciale de notre temps qui devrait aujourd’hui être au cœur de toute réflexion politique : comment répondre aux besoins de chacun dans un monde aux limites planétaires dépassées et au consumérisme débridé ? »

Le 29 août 2022, lors du rassemblement du Medef, la 1ere Ministre a appelé les entreprises à participer l’élaboration du plan de sobriété énergétique. Elles devront faire une proposition fin septembre. L’objectif est une réduction de 10% de la consommation énergétique en France d’ici 2024 (aujourd’hui le secteur tertiaire et l’industrie représentent 32% de l’énergie consommée en France).  

Le Gouvernement travaille sur un mécanisme de droit à consommer pour les entreprises consommatrices de gaz

Pendant ce temps, les Français qui se serrent déjà la ceinture depuis la crise Covid, sont 9 sur 10 à demander que les entreprises montrent l’exemple.

 

Comment, dans cette période déjà très tendue, mettre en place un plan de sobriété énergétique ?

Le 1er juillet, la ministre de la Transition énergétique et le ministre du Travail, du Plein emploi et de l'Insertion, ont réuni les organisations syndicales et patronales ainsi que les fédérations professionnelles pour lancer le groupe de travail «Entreprises et organisation du travail».

Le groupe a avancé 3 axes de travail :

 

  • Mettre en place une nouvelle organisation du travail, avec une généralisation du télétravail cet hiver pour les professions qui le permettent. Elle sera accompagnée d’une meilleure prise en charge des risques psychosociaux générés que pendant les confinements-Covid, ainsi que d’une participation financière des entreprises si nécessaire (hausse du prix de l’énergie, optimisation d’un poste de travail à domicile…).

 

  • Faciliter la mobilité des salariés grâce au « PDM », Plan de Mobilité (ancien « PDE », Plan de Déplacements d’Entreprise). Celui-ci favorise l’usage des modes de transport alternatifs à la voiture individuelle. Sa mise en œuvre est encouragée par les autorités publiques, car il présente de nombreux avantages pour les entreprises, les salariés et la collectivité. Le PDM est un vrai projet d’entreprise, qui peut s’inscrire dans une démarche Qualité ou dans un Système de management environnemental.

Les déplacements liés aux activités professionnelles concernent les trajets domicile/travail, mais aussi le transport de marchandises, les déplacements professionnels des collaborateurs, des clients, des visiteurs, des partenaires, des fournisseurs... Selon le rapport Opinion Way sur la mobilité durable en entreprise, 82 % des chefs d’entreprise n’ont jamais entendu parler du Plan De Mobilité (PDM) !

 

o  Optimiser la gestion énergétique des bâtiments (éclairage, ventilation, climatisation, chauffage, équipements thermiques, « diag ECO-FLUX », mis en place par l’ADEME et Bpifrance, qui accompagne pendant 12 mois, les entreprises dans la mise en œuvre d’actions vers la transition écologique., …)

L’élaboration du plan de sobriété énergétique peut s’inspirer de celle qui a servi au Plan de Continuité d’Activité (PCA), pour lequel le gouvernement a élaboré un guide méthodologique. Toutes les informations sont visibles sur le site du gouvernement economie.gouv.fr : « Guide pour réaliser un plan de continuité d’activité ».

 

Quelles sont les incidences pour les RH ?

Le rôle du pole DRH/RH des entreprise va être central. En effet, en plus de travailler activement à la réflexion et à l’élaboration du meilleur plan pour sa propre structure, les RH vont devoir expliquer, rassurer et former les différents collaborateurs de l’entreprise aux nouvelles méthodes de travail. Pour assurer une transition en douceur, il conviendra d’entendre les différentes parties prenantes (direction et employés), afin de proposer une feuille de route qui corresponde aux exigences gouvernementales et aux attentes de l’ensemble des collaborateurs.

  • Depuis le 25 août 2021, date à laquelle la loi Climat et Résilience a été adoptée, la BDES (Base de Données Économiques et Sociales) est remplacée par la BDESE : Base de Données Économiques, Sociales et Environnementales.

 

  • Cette loi fait entrer dans le code du travail une dimension environnementale en matière de dialogue social. Les enjeux environnementaux sont au rendez-vous de la négociation d’entreprise et de branche sur la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences, ainsi qu’au niveau des missions et des consultations récurrentes du CSE.

 

  • Le 29 août dernier, lors de son discours à l'université d'été du Medef, Elisabeth Borne a appelé chaque entreprise à :

-    établir en septembre son propre plan de sobriété

-    nommer un ambassadeur de la sobriété

-   accompagner les salariés vers l'adoption de mobilités plus propres et à l'adaptation des moyens de déplacement.

 

  • Parallèlement, le Medef préconise de :

-  promouvoir le covoiturage et l’autopartage et les transports en communs pour les collaborateurs qui peuvent se déplacer ainsi

-   favoriser le télétravail ou aménager les horaires de travail pour les professions qui le permettent

-    définir, informer et appliquer une meilleur gestion énergétique des bâtiments (extinction des appareils électroniques e de l’éclairage des bureaux le soir ; sur la réguler le chauffage à 19 °C (au lieu de 20 °C), et couper la climatisation la nuit…

 

Pour conclure, le concept de sobriété s’invite de plus en plus dans les discours et dans les stratégies RSE d’entreprises et organisations, ce qui appelle à repenser les habitudes et les business model vers plus de frugalité.

Avant la mise en œuvre du Plan de Sobriété Energétique « officiel », les entreprises peuvent déjà appliquer des premières actions simples, rapides et sans investissements importants. Elles auront un effet immédiat sur la réduction de leur consommation et prépareront progressivement les salariés au Plan de Sobriété.

Au cœur d'une politique RSE, la fonction RH a un rôle de prédilection, à la fois en interne et en externe : écouter, informer, rassurer, expliquer, mettre en œuvre et communiquer.

Au sein de l'entreprise, c'est le service RH qui a les moyens d'inclure et d'intéresser les salariés à la RSE.